Edito LS no 1

Dès sa fondation, le CETIM a adopté le concept de « maldéveloppement » comme la clé de voûte de son analyse sur la marche du monde. Les mobilisations sur le changement climatique et, plus encore, les défaillances mises en lumière par la crise sanitaire internationale ont souligné la pertinence de cette approche.

Pour le CETIM, le développement ne doit pas être confondu avec la croissance économique. Le développement fait partie de la vie, de l’évolution où toute chose se développe, croît, régresse, voire naît ou disparaît, au gré de forces contradictoires en lutte. Mais, dans le domaine social et économique se pose la question : développement pour quoi, pour qui, décidé et promu par qui et avec quelles conséquences pour les êtres humains, les peuples, les classes populaires, leur bien-être, leur environnement naturel ? D’où l’urgence et la pertinence d’une analyse critique sur le maldéveloppement généralisé qui prévaut dans le mode de production et de consommation en vigueur.

Selon cette perspective, la crise actuelle a prodigieusement animé les débats sur l’avenir des sociétés humaines. Ils prennent même, dans certains milieux, des allures de plus en plus « radicales », mais souvent également débridées et « gesticulatoires » : s’y côtoient, peut-être plus que ne s’y affrontent, des discours aux propositions généreuses, anti-consuméristes et résolument égalitaires aussi bien que des diatribes aux relents racistes, néo-coloniaux et malthusiens à peine voilés. S’y ajoutent des envolées utopiques peu préoccupées des réalités concrètes et de leur transformation pratique.

Le CETIM entretient de très longue date des liens de réflexion, de lutte et de solidarité avec des mouvements sociaux, des institutions et des chercheur·ses des cinq continents. La place centrale accordée dans la présente revue à des rédacteur·trices issu·es des mouvements sociaux et du monde académique répond à un double objectif : présenter au lectorat des analyses riches et variées sur les multiples crises auxquelles sont confrontées nos sociétés, et offrir des éléments de réponse stratégique fondées sur les expériences de lutte et le vécu des auteur·es. Autrement dit, ce projet privilégie l’audace intellectuelle et entend insuffler la confiance dans l’action collective. De la même façon, la présente revue s’inscrit dans la défense de l’équité et de la justice Nord-Sud ; avec une attention particulière aux principes de coopération, de solidarité et de fraternité internationales et en se distançant des approches eurocentristes, unilatérales et abstraites.

Le premier numéro de la revue Lendemains solidaires est consacré à l’analyse du système alimentaire dominant. Ce système ignore les besoins essentiels des êtres humains ainsi que la place centrale d’une alimentation de qualité dans leur développement (dans tous ses aspects). Lendemains solidaires analyse également les politiques des institutions internationales dans ce domaine, tout en explorant des alternatives possibles au système dominant. Pour faire court, la question posée est : faut-il renforcer et protéger l’agriculture paysanne dans le monde entier et promouvoir la pleine souveraineté alimentaire dans chaque pays ou au contraire booster le commerce mondial des produits agricoles et alimentaires et laisser le champ libre à l’agro-business ?

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