Edito LS no 3

La santé « est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »1 Depuis cette affirmation datant de 1946, la santé a été consacrée, deux ans plus tard, comme un droit humain dont les États sont les garants, en tant que droit individuel et collectif.

En 1978, plusieurs milliers de délégué.es, réuni.es à Alma-Ata sous l’égide de l’ONU, s’inquiétaient déjà de la montée des « inégalités flagrantes dans la situation sanitaire des peuples, aussi bien entre pays développés et pays en développement qu’à l’intérieur même des pays »2 et préconisaient comme solution, à juste titre, l’investissement dans les déterminants sociaux de la santé. Pour résumé, ces derniers consistent à disposer d’une alimentation saine, d’eau, d’un logement salubre et d’avoir des moyens de subsistance (un travail décent en particulier) ; cela sans aucune discrimination. C’est dire que l’accès aux soins n’est qu’un complément à ces préalables.

En effet, peut-on imaginer qu’une personne (ou une communauté) affamée, sans logement ni eau potable puisse être en bonne santé ?

Cependant, contre toute évidence, les néolibéraux ont réussi à imposer que le corps humain n’est qu’une machine à restaurer (comme une voiture) par des traitements personnalisés qui arrêtent ou inversent le processus de la maladie, en faisant abstraction de l’environnement et de la classe sociale de la personne, ainsi que de la répartition inéquitable des richesses. Ils ont aussi réussi le démantèlement des systèmes publics de protection sociale, en particulier celui des services publics de soins de santé, par le biais de privatisation et de marchandisation de ce secteur. Dès lors, il s’agit bel et bien du sabotage de la mise en œuvre des décisions prises à Alma-Ata.

En effet, 45 ans plus tard, nous nous trouvons dans une situation dramatique : deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et plus du double aux services d’assainissement, selon les dernières données de l’OMS. La récente pandémie de Covid-19 a démontré, si besoin est, la place centrale des services publics pour une politique de santé digne de ce nom.

Force est de constater que, malgré l’expérience douloureuse de la gestion chaotique de la pandémie précitée, le débat politique sur la santé est dominé par la biotechnologie promue par les tenant.es des politiques néolibérales, avec le concours de leurs lobbies tels que la Fondation Rockefeller entre autres, qui limitent le problème à un débat centré sur la relation d’un individu avec une maladie biologique tout en le déconnectant des déterminants sociaux de la santé.

Le 3e numéro de Lendemains solidaires se focalise en particulier sur les luttes populaires et les pistes alternatives pour inverser cette tendance plus que problématique, étant donné qu’il s’agit non seulement de la vie de milliards de personnes, mais aussi de la protection de l’environnement et de tout être vivant sur cette terre. D’ailleurs, d’aucuns ont enfin commencé à comprendre que la santé humaine est étroitement liée aussi bien aux animaux domestiques et sauvages qu’aux plantes et à l’environnement (concept de One Health).

1Cf. La constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

2Cf. Déclaration d’Alma-Ata.

1Cf. La constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

2Cf. Déclaration d’Alma-Ata.

A lire également