Atlas du désarmement : une perle dans la marée de va-t-en-guerre

Avec le nouvel Atlas du Désarmement, la Fondation Rosa Luxemburg vise à montrer, à travers des études de pays, des articles thématiques et des illustrations graphiques, les opportunités et les possibilités qui résident dans le désarmement mondial.
Pour Eva Wuchold qui a édité cet atlas, les victoires de la paix ont toujours été difficiles à obtenir. Cela a été rappelé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors de la Conférence de Genève sur le désarmement en février 2024. Ces victoires n’étaient pas non plus des miracles. Guterres a ajouté qu’elles ont été obtenues parce que les États opposés au désarmement ont reconnu que la clé de ce dernier réside dans la coopération pour un bénéfice mutuel — et non dans la compétition pour une destruction mutuelle. De plus, les dépenses militaires immobilisent des ressources financières précieuses qui ne sont plus disponibles pour des causes sociales importantes telles que la santé, l’éducation et les infrastructures, ou pour résoudre les défis humanitaires mondiaux tels que le changement climatique et l’adaptation au climat.
Les efforts de désarmement visent à réduire les activités militaires qui causent des dommages environnementaux et climatiques considérables et à réaffecter les ressources militaires à des initiatives de développement durable. En canalisant les ressources militaires dans des programmes de lutte contre la pauvreté, la faim et les inégalités sociales, ces ressources promouvraient la justice économique et le développement équitable et contribueraient ainsi à prévenir les conflits.
Alors que de nombreux pays optent actuellement pour l’armement plutôt que pour le désarmement, les études de cas de l’atlas montrent que même ces dernières années, des pays comme la Colombie et le Nigeria ont opté pour la démilitarisation afin de résoudre les conflits. Il existe des histoires de réussite de l’implication de la société civile, comme la campagne contre les mines antipersonnelles, le traité d’interdiction des armes nucléaires, ou le Groupe pour une Suisse sans armée. Nous avons également des négociations de traités réussies au niveau international et multilatéral qui se sont poursuivies même après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, comme la Déclaration mondiale sur les armes explosives ou le Cadre mondial sur les munitions conventionnelles.
Tout cela montre que nous ne partons pas de zéro en matière de désarmement. Il existe des organismes et des institutions qui soutiennent les systèmes mondiaux de paix, de sécurité et de désarmement — des Nations Unies à la Conférence de Genève sur le désarmement. Il existe des agences gouvernementales, des organisations intergouvernementales, des ONG et des organismes comme l’ Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui traitent du contrôle des armements. Et il existe des accords et des traités, comme le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui sont en vigueur et doivent enfin être mis en œuvre.
Dans la préface de l’Atlas du désarmement, la Fondation Rosa Luxemburg défend l’idée de poursuivre activement les efforts de désarmement. Il est nécessaire de réformer les forums de désarmement, de renforcer les institutions internationales et d’élargir les mécanismes civils de résolution des conflits. Le désarmement doit être reconnu non seulement comme un impératif moral, mais aussi comme un besoin pratique ; la paix doit être reconnue comme l’objectif et la base de l’action politique. En limitant la prolifération des armes et en promouvant la résolution pacifique des conflits, le désarmement contribue à créer un monde plus sûr pour tous. Cela ne sera possible qu’avec l’engagement large de la société civile. Cet Atlas vise à contribuer à cette entreprise.
Mais surtout, il y a de bonnes raisons pour le désarmement, surtout en temps de guerre et de crise. L’expérience de ces dernières années a montré que le besoin de résoudre les tensions par le dialogue politique et les négociations devient de plus en plus urgent.
Dans le cadre de son article qui fait partie de l’Atlas, Eva Wuchold met en avant une approche globale du désarmement qui ne chercherait pas seulement à réduire ou à éliminer les armes, mais qui prendrait également en compte les dimensions sociales, économiques, écologiques et humanitaires plus larges des conflits armés et de la sécurité. Les efforts de désarmement doivent donner la priorité à la protection des droits de l’homme et des principes humanitaires. Ils doivent inclure une coopération significative avec la société civile, les communautés locales et les populations affectées. Cela comprend des mesures pour promouvoir le dialogue, la réconciliation et le renforcement de la confiance entre les parties en conflit. Le moment est venu de développer des scénarios et des processus pour le désarmement mondial le plus complet possible. Les outils doivent être prêts lorsque des opportunités pour le désarmement se présenteront.
L’ATLAS DU DÉSARMEMENT
Faits et chiffres contre les guerres d’aujourd’hui et de demain est publié par la Fondation Rosa-Luxemburg, Berlin, Allemagne. Coordination et édition par Eva Wuchold, Bureau de Genève, Fondation Rosa-Luxemburg.
L’Atlas du désarmement est téléchargeable gratuitement depuis le site de la Fondation, en anglais et en allemand : https://rosalux-geneva.org/the-atlas-of-disarmament/